Chapter Text
Chapitre 1
L'arrivée
John Sheppard
John Sheppard observait l'océan qui se dévoilait à lui en cette aube, une aube en une nouvelle galaxie. Leur arrivée n'avait pas été de tout repos. Une première rencontre avec un peuple qui pourrait devenir ami, une première rencontre avec ceux qui seraient sans aucun doute leurs ennemis. Leurs premiers réfugiés, leurs premiers combats. Un premier sauvetage, leurs premiers morts, terriens et athosiens. L'expédition toute entière aurait disparu sans la prévoyance des anciens. Ils n'étaient dans la galaxie de Pégase que depuis trente six heures.
Le colonel Sumner mort, le docteur Weir l'avait aussitôt nommé commandant. Il était après tout l'homme le plus gradé. De bien lourdes responsabilités pour quelqu'un qui n'avait suivi aucun des protocoles liés au programme Stargate. Il n'était là que parce qu'un certain fauteuil s'était illuminé comme un sapin de Noël lorsqu'il avait eu de malheur de s’asseoir dessus. A présent, il recevait une promotion, il remplaçait celui qu'il avait abattu. Un geste de compassion, une mise à mort tout de même.
Il ne savait quoi penser du docteur Weir. Si ses premières impressions avaient été positives, son hésitation et son refus premier de le laisser sauver leurs compagnons l'avaient refroidi. Il restait un soldat, il ne laisserait pas d'hommes derrière lui. Elle avait beau lui avoir offert un poste inattendu, il était méfiant. S'il devait être honnête avec lui-même, il devait l'avouer, il pensait qu'elle n'était pas de taille. Elle le savait, elle désirait son appui, il ne savait s'il le lui accorderait bien longtemps.
Ils avaient cru mourir dès leur arrivée, ils avaient survécu. Ils avaient célébré cette première victoire, même si le cœur n'y était pas. Déjà, ils évoluaient, se concentrant sur la vie plutôt que pleurant ce qu'ils avaient perdu. La soirée s'était poursuivie jusqu'à l'aube. Certains continuaient encore à boire en l'honneur de leurs morts. Ils n'étaient pas tirés d'affaire, mais ils survivraient un jour de plus. Il avala un verre de cet alcool fort offert par les athosiens. Il n'était pas encore soul, mais avait bien besoin de ce remontant.
Quelques semaines plus tôt, il n'était qu'un pilote, au dossier assombri par un refus de suivre les ordres. Tout avait changé lorsqu'il avait pris place sur ce fauteuil ancien. Il avait senti un bourdonnement joyeux dans toute son âme, pour la première fois, il se sentait stimulé, réchauffé comme après un bon verre de whisky. Bien sûr, c'était impressionnant, déconcertant, mais aussi exaltant. Cela n'était rien par rapport à ce qu'il ressentait depuis qu'il avait posé les pieds sur Atlantis.
L'urgence de la situation, le danger de mort, l'adrénaline et le stress l'avaient très tôt distrait de cette sensation à leur arrivée. Depuis que le calme était revenu, elle s'imposait. S'il avait été moins rationnel, il aurait cru que la cité lui chuchotait des mots doux. Une caresse sur son esprit, l'étreinte d'une mère. Il ne savait quoi en faire, il ne savait comment réagir, alors il buvait.
- Je ne sais pas si quelqu'un d'autre a conscience que nous sommes toujours en danger de mort imminente ! L'interpella Rodney Mckay, le chef du département scientifique, qui l'avait suivi à leur arrivée, lorsque la cité s'allumait à chacun de ses pas.
L'homme s'était montré efficace et pertinent. Personne ne semblait l'apprécier, pourtant, son esprit serait un atout. Certes, il parlait fort, se plaignait sans cesse et se montrait trop sarcastique, mais il avait hâte de découvrir l'être humain sous ce masque.
- Voyons Mckay, vous étiez le premier à nous déclarer morts hier. N'êtes vous pas un peu heureux d'être en vie ? Le taquina-t-il.
Ce dernier leva les yeux au ciel mais sembla s'étonner de son ton taquin. Ah... Il avait peut-être utilisé son ton de drague, sans y penser. Il devait vraiment avoir trop bu.
- Si c'est pour mourir demain, non. Nous devrions tous nous concentrer sur l'exploration de la cité et surtout sur la recherche E2PZ.
Il n'avait pas tord non plus, pourtant, John avait bien envie de remplir de nouveau son verre. Quand il fit un pas pour réaliser son désir, Atlantis se mit à tourner. Deux solutions : la cité avait décidé de les bercer de manière un peu trop brutale ou alors cet alcool athosien était encore plus fort que ce qu'il avait cru.
- Bon sang ! Vous aussi Sheppard ! Allez vous coucher, je compte bien vous utiliser pour allumer certains coins de cette cité, j'ai besoin de vous en pleine forme.
Un interrupteur humain, voilà ce qu'il était devenu. Au moins, il trouvait enfin son utilité dans ce monde. Étrangement, lorsqu'il partagea ses grandes réflexions à son collègue, ce dernier l'attrapa par le bras, qu'il glissa autour de son cou et le guida en râlant vers une pièce qui ferait une chambre acceptable.
- Dormez Sheppard, ordonna-t-il alors qu'il le jetait sur une couchette. Ma chambre est à côté, venez me trouver dès que vous êtes réveillé.
Lorsqu'il posa la tête sur le matelas dur, il était déjà à moitié endormi.
- Bonjour commandant, le salua une femme d'un certain âge, toute vêtue de blanc.
Il se trouvait toujours dans la pièce dans laquelle Mckay l'avait déposé. Qui était-elle ? Il se redressa en s'étirant et remarqua aussitôt un problème. Son corps restait inerte alors qu'il se déplaçait dans une forme translucide et non palpable.
- Je suis mort ?
Quelle manière ridicule de mourir ! Un doux rire le rassura.
- Non commandant, je désirai seulement vous parler. Votre esprit n'est pas encore capable d'interagir directement avec moi en dehors de vos rêves. De la méditation pourrait aider...
Le visage ridé avait l'air bienveillant, mais ce regard d'un blanc immaculé le rendait à juste titre méfiant. Elle lui parlait de méditation en plus, il n'avait jamais pratiqué ce genre d'exercices.
- Qui êtes-vous ?
- Je suis Atlantis, la conscience de la cité pour simplifier. Nous sommes sur la planète Lantia et vous êtes ici depuis quarante huit heures. J'ai déjà dû vous sauver une fois d'ailleurs.
Soit il faisait un rêve très étrange, soit ses problèmes ne faisaient qu'augmenter.
- Je vous ai choisi. Vous avez la plus grande similitude génétique avec mes précédents habitants et votre caractère me plaît beaucoup. Je ne parle même pas de votre âme. Elle est magnifique !
- Choisi ?
L'entité sourit de nouveau, un sourire presque maternel. Cette histoire commençait vraiment à sentir mauvais...
- Je vous guiderai dans vos découvertes, je vous protégerai de vos ennemis et vous aiderai à rendre à cette cité sa splendeur passée. Vous êtes le nouveau consul de la ville, son bouclier. Quoi qu'en disent vos congénères. Atlantis n’obéira pour l'instant qu'à vous.
Le docteur Weir n'allait pas du tout aimer cela.
- Nous discuterons de tout cela plus tard, continua l'entité. Il y a plus urgent. J'ai besoin de votre aide. Vous devez recharger mon énergie.
Elle lui montra alors un fauteuil, ressemblant fortement à celui sur lequel il s'était assis en Antarctique.
- Il ne s'agit pas d'un dispositif d'attaque.
Elle lui révéla alors comment il pourrait l'utiliser, nourrissant grâce à sa propre énergie un E2PZ afin qu'il se réactive de lui même. Ils en avaient trouvé trois en arrivant, tous vides, ou presque. Le dernier n'avait plus qu'une dizaine de pourcent de puissance. Cette technologie des anciens, qui ressemblait à un gros cristal était pourtant nécessaire pour faire vivre la cité. S'il pouvait vraiment les recharger, ils étaient sauvés.
- En gros, je suis une pile pour une batterie hyper puissante.
Elle rit de nouveau.
- Plutôt l'étincelle qui réveille un incendie. J'ai besoin de cette énergie pour vous protéger John. Pouvez-vous faire cela pour moi ?
Il accepta et se réveilla aussitôt. Il devait trouver Mckay. Il avait l'air assez malin pour comprendre ce que cette entité avait tenté de lui expliquer. Il sortit de ce qui lui avait servi de chambre. Le soleil était haut dans le ciel, il avait dormi quelques heures.
- Les Docteurs Mckay, Heightmeyer et Carson, le commandant Sheppard, Antony Kars et le sergent Bates sont attendus dans le bureau du docteur Weir.
Cela sentait la réunion de crise. Encore. Il aurait peut-être du profiter de la nuit pour dormir... Las, il attrapa sa veste laissée contre la balustrade la veille et se dirigea là où il était attendu.
Il arriva le premier, seule le docteur Weir était déjà présente, lisant les derniers rapports sur un ordinateur portable. Elle avait l'air épuisé et le salua d'un sourire pincé. Un à un, les appelés apparurent. Mckay avait de profondes cernes sous les yeux. Il cherchait déjà un moyen de trouver une autre énergie que l'E2PZ. Carson n'avait pas l'air mieux. Il avait déjà dû gérer quelques blessés à l'infirmerie. Heigtmeyer apparut. Une jolie blonde, la psychologue de l'expédition, elle souriait tranquillement, sereine et aussi stable que l'on pouvait l'attendre de celle qui avait leur santé mentale en charge. Le sergent Bates arriva le dernier, dévisageant l'assemblée et tout particulièrement John.
- Nous n'attendons plus que Antony Kars. Notre chef mécanicien, leur indiqua le docteur Weir.
Un homme d'une trentaine d'années, chauve et abordant des bras ornés de tatouages apparut.
- Désolé du retard, j'avais déjà les mains dans le Jumper. Passionnant cet engin.
- Docteur Weir, vous ne pouvez pas laisser un simple mécanicien démonter nos Jumpers ! Il va tout détruire et essayer au hasard de le remonter. Ce n'est pas de la science ! S'insurgea McKay.
- Non c'est de la mécanique, rétorqua ce dernier avec un sourire provocateur.
La réunion débuta quand le docteur Weir réussit à les faire taire. Ils tentèrent de planifier leur survie, de parer au plus urgent, de trouver comment survivre à long terme. Ils ne pouvaient reculer. Nul espoir de retour ne s'ouvrait à eux. Partagés entre l'exaltation de découvrir un nouvel univers et la peur de mourir à petit feu, ils devraient pourtant s'adapter. John ne parla que très peu. Il hésitait à partager son rêve, ils risquaient de le prendre pour un fou.
- Notre seule priorité est de trouver des E2PZ ! Rien d'autre ! Vous comprenez le concept d'une absence totale de défense ? Cracha Mckay, toujours aussi acerbe.
Sheppard ne pouvait garder le silence face à cela.
- J'ai peut-être une idée... commença-t-il.
- Vous ? S'étonna le docteur Weir.
Tous le dévisageaient. Bates fronçait les sourcils. Le chef de la sécurité était déjà méfiant vis à vis de lui, cela ne ferait qu'augmenter ses craintes. Pour eux, il n'était qu'un militaire, ils n'avaient aucune idée de la profondeur du lien qui se tissait entre Atlantis et lui.
- Sheppard ! Vous êtes un militaire, ne me faites pas perdre mon temps. Ce n'est pas parce que vous avez sans aucun doute un certain lien avec Atlantis que...
Mckay s'arrêta dans ce nouveau monologue qui avait pourtant l'air bien parti.
- Attendez... La cité vous a parlé ? Vous a montré quelque chose ?
John sourit timidement. Il avait tord, ce Rodney Mckay semblait plus perspicace que les autres.
- Un rêve.
Et il leur raconta, gardant pour lui la fin de son dialogue avec l'entité, gardant pour lui le fait qu'elle l'ai désigné comme « consul » et « bouclier ». Au fur et à mesure de son récit, il lut l'incrédulité sur les visages. Bates se moquait presque ouvertement de lui, seuls Mckay et Carson semblaient intéressés.
Quand il aborda le fauteuil et la manière de « recharger » les E2PZ, Mckay se leva d'un bond.
- Je me suis laissé envahir par vos idioties. Bien sûr, cherchons une énergie alternative à celle des anciens ! Courrons à travers la galaxie pour en trouver un autre ! Quels imbéciles. Comme si les anciens nous avaient laissé une énergie fossile ! Ce sont des batteries. Et les batteries, cela se recharge !
Le docteur Weir ouvrit de grands yeux face à cette déclaration de Mckay, elle avait semblé jusqu'alors plus que septique devant le récit de John, pourtant, la réaction de son chef scientifique semblait lui donner espoir.
- Et Sheppard est notre étincelle. Guidez moi à ce fauteuil vu en rêve major !
Aussi facilement que cela, Mckay le crut, ne mit pas une seconde en doute son rêve. Alors John le guida vers une zone non explorée. Des marines les accompagnaient, il entendait vaguement le docteur Weir et Carson, Kate la psychologue parlait d'un choc traumatique. Pourtant, il avançait. Les couloirs lui étaient familiers. Il savait où il allait. Son aisance pour s'orienter dans la cité aurait dû le rendre suspect, mais Zelenka et Mckay débattaient déjà du fonctionnement de l'E2PZ. John écoutait le doux murmure de la cité. Il ne comprenait pas ses mots, mais sentait les encouragements, les félicitations.
Ils arrivèrent enfin dans une pièce octogonale. Au centre, un large fauteuil, ressemblant un peu à celui de l’Antarctique se présentait à lui. Les scientifiques étaient déjà aux anges et Zelenka serrait un E2PZ, le berçant et lui chuchotant qu'ils allaient bien le nourrir. John s'avança vers le fauteuil, attiré aussi sûrement que le miel les abeilles.
- Vous n'allez tout de même pas tenter cela sans aucun test ! S'exclama Carson, jouant parfaitement son rôle de médecin chef.
Mckay lui passa devant.
- Où plaçons nous l'E2PZ ?
John lui indiqua l'encoche et attendit patiemment que Zelenka branche ses capteurs, reliés à une tablette qui indiquait la charge de ce dernier.
- Toujours vide, annonça-t-il.
John entendit vaguement des discussions. Tous débattaient des risques à le laisser agir trop vite. Ils lui faisaient perdre du temps. Profitant que l'attention s'était détournée de lui, il caressa le fauteuil, entendant seulement l'avertissement de Bates.
- Major, reculez !
Il l'ignora, entendant le cliquetis des armes et les cris des scientifiques. Le fauteuil était froid, mais il savait qu'il se réchaufferait à son contact. Sans hésiter, il s'y assit et se sentit envahi par la même sensation de plénitude que la première fois qu'il l'avait fait en Antarctique.
- Merveilleux ! S'exclama-t-on.
Il se sentait si bien, si entier. Il ressentit la joie de la cité, l'enthousiasme de cette vieille dame à retrouver un être vivant lié à elle, sa bienveillance en vers ces nouveaux arrivants descendants de ses créateurs. Il sourit, elle serait un douce mère pour l'expédition.
- Vas-y John, je veille sur toi fils, lui chuchota-t-elle.
Sa mère était morte depuis longtemps, il n'existait plus aux yeux de son père depuis l'échec de son mariage. Cette protection presque parentale lui avait manqué. Il obéit, se contentant de penser à recharger le dispositif.
Aussitôt, le fauteuil bascula, le plafond s'illumina alors que les constellations se dessinaient devant ses yeux. Des exclamations se firent entendre. Il comprit, cette carte lui indiquait où trouver d'autre E2PZ, certainement vides depuis longtemps. Il savait, il comprenait que ces cristaux, tout comme la cité, avaient besoin d'un lien avec un être vivant pour se réveiller. Ils voulaient se rendre utile, aider, mais depuis des millénaires, personne ne les avait appelés.
- Ça marche ! Un pourcent ! Hurla Zelenka.
Il sentit que quelque chose ne se passait pas comme prévu. La cité réagit violemment, tremblant soudainement pour lui. Personne ne tremblait plus pour lui depuis longtemps. Il devait sortir de ce fauteuil tout de suite, il le savait, il en était pourtant incapable. Une alarme stridente se fit entendre alors que les lumières tremblaient. Atlantis alertait de toutes ses forces. Une fatigue profonde l'envahissait. Il se sentait vide, drainé. Comme si l'engin se nourrissait de sa propre énergie, aussi violemment qu'un wraith. Deux bras l'enlacèrent et le tirèrent brusquement hors du fauteuil. Reposant sur le sol, aux portes de l'inconscience, il n'eut que le temps d’apercevoir la mine stupéfaite et inquiète du docteur Mckay avant de fermer les yeux.
Cette fois, il ne rêva pas ou il n'en eut aucun souvenir, seule l'impression d'une étreinte protectrice l'accompagna à son réveil. Lorsqu'il ouvrit les yeux, le docteur Mckay était assis à son chevet. Il sursauta violemment lorsqu'il croisa son regard.
- Vous avez perdu connaissance suite à notre essai avec l'E2PZ, l'informa-t-il.
Il tenta de parler, mais sa gorge, tout comme ses lèvres, était asséchée. Rodney se précipita pour lui tendre un verre d'eau et dut même l'aider à le boire.
- Je suis désolé John. Je n'aurai pas dû vous jeter dans ce test sans réfléchir aux conséquences.
Des excuses de Mckay ? Il avait du lui faire très peur. Depuis quand l'appelait-il John d'ailleurs ?
- Combien de temps, réussit-il à articuler.
Rodney grimaça.
- Vous êtes resté une semaine dans le coma.
Une semaine ! Sa réaction dut se lire dans son regard car Rodney recommença ses excuses.
- De combien ai-je réussi à le charger ?
Son inconscience n'avait pas d'importance si cela fonctionnait, si cela leur permettait de rentrer.
- Environ deux pourcents.
Si peu ?
- Et nous en consommons un peu plus d'un pourcent par semaine.
Ce n'était pas possible. Ce n'était pas assez. La cité avait besoin de bien plus.
- J'ai essayé avec d'autres porteurs du gêne, ils n'arrivent même pas à faire fonctionner le fauteuil. Vous êtes le seul.
- Combien pour faire fonctionner la porte vers la terre ?
Leur seul espoir de soutien et de renfort, il fallait les prévenir. Rodney grimaça encore.
- Environ soixante dix pourcents.
Même s'il poussait jusqu'à l’inconscience, il lui faudrait donc soixante dix semaines pour leur permettre de rouvrir le passage.
- Je peux peut-être faire mieux, maîtriser le fauteuil, éviter de donner autant d'énergie à la fois.
Rodney se tortillait.
- Nous pouvons essayer d'autres protocoles. Mais John, rien ne vous force à continuer.
C'était idiot, à long terme, c'était leur seule solution pour survivre. Sa pensée dut encore une fois se lire sur son visage car Mckay continua.
- John, ton cœur s'est arrêté deux fois après l'incident.
Un bien meilleur protocole serait donc nécessaire. Il ne souhaitait pas vraiment enchaîner les arrêts cardiaques...
- Mckay, je vous avais ordonné de m'appeler à son réveil ! Hurla le docteur Beckett.
Lui qui avait toujours paru doux et calme semblait enragé et Rodney recula devant l'homme. John dut subir une série de tests : les réflexes, la mémoire, et toute une autre série de bêtises inutiles. Il se sentait un peu fatigué, mais dans l'ensemble, il allait bien.
Mckay ne rapprocha de son lit qu'après l'autorisation du docteur.
- Il a besoin de repos Mckay, respectez au moins cela.
Rodney ne répondit pas, décidément, il avait l'air d'être envahi par la culpabilité.
- Ça va Rodney. Je serai assez en forme pour essayer de nouveau d'ici quelques heures, marmonna John pour le rassurer.
Sa promesse ne fut qu'accueillie que par de nouveaux hurlements de la part de Beckett, mais au moins Rodney sourit de nouveau.
Il ne put sortir que le lendemain, pour une nouvelle réunion. Mckay ne l'avait que peu quitté, lui expliquant ce qu'il s'était passé depuis son inconscience. Savoir que l'homme avait passé son temps libre à ses côtés, à le veiller, le touchait étrangement. Sa santé n'inquiétait plus personne depuis longtemps. Cependant, les nouvelles de l'expédition n'étaient pas bonnes, ne lui laissant pas le temps de s'interroger sur cette douce sensation. A chaque heure qui passait, l'équipe de deux cent personnes se rendait compte d'un nouvel oubli, d'un nouveau manque à combler au plus vite. La panique les gagnait et le fait que la cité soit sans défense puisque sans bouclier, inconnue et un peu intimidante n'aidait pas. Pour ajouter au désastre de ces premiers jours, des tensions apparaissaient, militaires et scientifiques s'entendaient mal. Bates était méfiant en vers les athosiens et ces derniers peu à l'aise dans la cité. Les premières expéditions par la porte n'avaient que conduit à des attaques de wraiths.
Il rejoignit la salle de réunion. S'asseyant mollement sur l'un des fauteuils en saluant le docteur Weir qui lui accordait un regard suspicieux.
Comme la dernière fois, Mckay, Beckett et Bates étaient présents. Zelenka les avait rejoint. La psychologue de l'expédition et le mécanicien étaient déjà trop submergés par le travail pour participer.
- L'E2PZ que nous avons tenté de charger était complètement vide. Deux pourcents, ce n'est peut-être pas grand chose, mais c'est toujours mieux que rien, indiqua Zelenka.
John écoutait d'une oreille distraite. Il entendait au loin les murmures de la cité mais ne parvenait pas à comprendre ses mots.
- Le major Sheppard a failli y laisser la vie ! Vous ne pouvez penser que c'est une solution à long terme ! S'insurgea Beckett.
Ils se disputèrent. Personne n'arrivait à se mettre d'accord et personne ne pensait même à lui demander son avis.
- Il pourrait subir des effets secondaires inattendus ! Continuait Beckett.
John savait que c'était le cas. Il en avait une vague conscience. Ces effets ne risquaient cependant pas d'être ceux qu'ils attendaient.
- Je vais réessayer. Nous savons à quoi nous attendre maintenant, décida-t-il. Et puis, la cité veille, elle vous indiquera si je pousse trop loin.
Sa déclaration ne fut pas bien reçue. Les hurlements reprirent. Seuls Mckay et Zelenka semblaient prêts à retenter le coup. Il interrompit les débats.
- C'est notre seule chance de pouvoir compter sur un E2PZ chargé. Avez-vous d'autres solutions ?
Bien entendu, personne n'en avait. Deux heures plus tard, après bien des débats, ils retournèrent dans la pièce octogonale, renommée salle de charge par Mckay. Il était équipé d'une série de capteurs, que Beckett lui installait avec un air outré.
- Tout va bien se passer docteur, tenta-t-il de le rassurer.
L'homme soupira.
- Vous avez un sens du sacrifice proche de symptômes suicidaires Sheppard. Je suis médecin, mettre un patient en danger de mort va contre mon éthique.
Il le laissa cependant s'approcher du fauteuil.
Comme la première fois, il ressentit une forte euphorie en s'asseyant dans l'appareil, ce dernier se pencha, l'installant confortablement, mais il ne ressentit par la même énergie que la première fois.
- Cela ne fonctionne pas, annonça Zelenka.
Il entendit le soupir de soulagement du docteur Beckett. John comprit alors. Il ne savait pas si elle l'entendrait autrement alors il parla.
- Arrête ça. Tu l'as toi même dit, tu as besoin d'énergie. Tout ira bien.
En réponse, les lumières s'éteignirent. La cité ne voulait pas qu'il risque sa vie.
- Si l'E2PZ n'est pas chargé et que nous subissons une attaque, je mourrai de toutes façons, laisse moi faire cela pour tenter de nous faire survivre.
Une alarme stridente répondit, montrant toute la contrariété de la cité. Les autres l'observaient d'un œil paniqué.
- Je suis désolé de ne pas être aussi efficace que tes créateurs. J'imagine qu'un ancien n'aurait pas eu tous ces problèmes.
L'alarme s'arrêta aussitôt. Il savait que cet angle d'attaque serait plus efficace.
- Laisse moi essayer de nouveau. Ils veillent sur moi, toi aussi. Je ne risque rien.
Les lumières se rallumèrent et enfin il sentit l'énergie le traverser.
- Mckay les points blancs sur la carte sont des E2PZ, notez les.
Il n'avait pas pensé à avertir le scientifique plus tôt mais ce dernier saisit aussitôt une tablette pour obéir à ses ordres et râlant. Il se sentait flotter, bercé par une étreinte tendre.
- Cessez, cela fait une minute trente ! Criait Beckett.
La cité semblait d'accord avec le docteur, elle diminua l'énergie qui passait à travers son corps. Il ne l'était pas. Il pouvait faire plus. Alors, sans trop comprendre comment il faisait, il la contra. Il entendit l'alarme hurler, sentit des bras tenter de l'arracher du fauteuil. Il pouvait continuer. Encore un peu. Quelques secondes.
Deux minutes trente après s'être assis, il se sentit poussé à ses limites. Alors, il cessa le transfert. Il accepta de se reposer et le silence se fit alors que le fauteuil se redressait.
Ils le regardaient tous, stupéfaits et inquiets. Malheureusement, il n'eut pas le loisir de les rassurer. Il entendait son cœur dans ses tempes et ce n'était pas un bon signe. Des tremblements se déclaraient, il eut juste le temps de bégayer :
- Je crois que je vais encore faire un arrêt cardiaque.
Nul besoin de dire qu'accéder de nouveau au fauteuil après ce troisième arrêt cardiaque se révéla complexe. Presque personne ne le soutenait dans la salle de réunion. Même Zelenka et son argument de : « mais il est à présent chargé à cinq pourcents » ne suffisaient pas. Pour enfin s'asseoir sur ce dernier, il dut promettre de leur obéir, à eux, à la cité, à tout le monde et de quitter le fauteuil lorsqu'on lui ordonnerait. Quand on lui demanda de cesser, au bout d'une minute trente seulement, il hésita, il pouvait faire mieux, il le savait, mais il savait aussi qu'un quatrième arrêt cardiaque lui interdirait définitivement tout accès au fauteuil alors il accepta.
Quelques semaines se déroulèrent ainsi. Il chargeait l'E2PZ de manière hebdomadaire, écoutant sagement les consignes et cessant lorsque la minute trente s'écoulait. Ce dernier atteignait pratiquement une charge de dix pourcents, égalisant celui qui nourrissait la cité. Une petite victoire qui restait frustrante. Il pourrait faire tellement plus.
Il débordait d'énergie, dormait peu et même les explorations par la porte ne le rassasiaient pas. Son équipe, composée de Mckay, Teyla et Aiden Ford, devait souvent lui demander de ralentir le rythme. C'était cela le problème. Tout allait lentement, bien trop lentement. La cité ne lui parlait plus mais continuait de frémir de joie à chacun de leurs contacts. Elle craignait pour lui, mère inquiète et surprotectrice et refusait donc de l'exposer à d'autres dispositifs anciens pourtant si alléchants.
Dans une nouvelle galaxie, alors qu'ils risquaient leur vie chaque jour, il réussissait l'exploit de s'ennuyer. Quelque chose n'allait pas avec lui. Il remarqua peu à peu que les gens se mettaient à l'éviter, comme ils le faisaient avec Rodney. C'était bien le seul qui ne fuyait pas sa présence, avec Teyla. L'athosienne buvait souvent un thé avec lui, sa sérénité et son calme avaient un pouvoir apaisant, même sur lui. Les autres le fuyaient constamment. Devenait-il si insupportable se demandait-il alors qu'il lançait une balle contre le mur dans le laboratoire occupé par Mckay et son équipe et répétant « M'ennuie, m'ennuie » depuis presque une heure ?
- Très bien ! Sheppard ! Allons au fauteuil, mais si vous faites un quatrième arrêt cardiaque, je vous tue moi même après vous avoir réanimé.
Zelenka leva les bras au ciel, le docteur avait peut-être été avec lui depuis le début.
- Et arrachez moi ce sourire victorieux de votre visage.
Ils se gardèrent bien de mettre qui que ce soit d'autre au courant alors qu'ils s’installaient dans la salle de charge.
- Je vais exploser mon record ! S'exclama John, faisant pâlir un peu plus le docteur Mckay.
- Record à trois pourcents Sheppard, prêt à faire mieux ?
- Zelenka ne l'encouragez pas à risquer sa vie !
Remarquant enfin l'excitation de ses deux compères, il râla.
- Je préviens Beckett. Il va nous tuer...
Il s'assit aussitôt, comme un enfant profitant de l'absence de ses parents pour faire une bêtise. La sensation grisante l'envahit alors que Zelenka commençait le décompte afin de dépasser son record.
- John, je n'aime pas que tu joues ainsi avec ta vie, murmura celle qu'il nommait Atlantis.
Elle se tenait à ses côtés, pour la première fois, il la voyait sans être endormi.
- Mon énergie déborde Atlantis. J'en ai besoin.
Elle fronça les sourcils alors que Mckay hurlait que s'il avait de nouveau des hallucinations ce n'était pas bon signe et que Beckett et Weir allaient les tuer.
- Je ne t'ai pas encore assez amélioré pour éliminer tous les risques, répondit-elle.
Il ne savait pas ce qu'elle entendait par là, mais alors que Beckett arrivait en hurlant lui aussi dans la salle, il répondit.
- C'était donc toi, je sentais bien que quelque chose clochait. Tu me changes en ancien ?
La salle explosa dans les cris, mais l'entité restait calme.
- Non, je te fais gagner quelques siècles d'évolution, c'est tout. Vous avez trouvé cette cité plus tôt que les anciens ne l'avaient prévu. Ils ont toujours eu tendance à sous-estimer la curiosité humaine.
- Cool ! Je vais avoir des super-pouvoirs ?
Elle rit, s'amusant de son immaturité.
- Je vous aime bien John Sheppard, alors prenez soin de votre vie.
Elle disparut alors que Zelenka hurlait un cinq pourcents victorieux. Il commençait à se sentir fatigué, plus il utilisait le fauteuil et plus il devenait conscient de ses propres limites. Alors il s'arrêta.
- C'est un record et cette fois, pas d'arrêt cardiaque, constata-t-il.
S'il avait été capable de marcher tout seul, Beckett l'aurait traîné par les oreilles jusqu'à l'infirmerie. Il dut cependant être soutenu par un Mckay grincheux sur tout le trajet. Une série d'examen sans fin eut alors lieu. Il ne fut relâché qu'en fin de journée, pour une convocation avec le docteur Weir, à laquelle les deux scientifiques qui l'avaient aidé, Bates et Beckett participaient.
Il se sentait détaché de leurs débats. Voir Zelenka et Mckay se faire disputer comme des enfants ne l'intéressait guère.
- Si nous continuons ainsi, nous pourrons repartir d'ici deux mois, ou au moins appeler des renforts ! S'exclamait Mckay.
- Mckay ! L'ADN de Sheppard est inconnu ! Il évolue à une vitesse impossible !
Un froid les frappa. Ainsi, le docteur Beckett avait enfin remarqué sa transformation.
- Je ne sais même pas si on peut encore dire qu'il appartient aux homos sapiens !
- Est-ce définitif ? Demanda Weir.
- Une modification ADN sur un adulte ? Je n'en sais rien. C'est impossible !
Bates le dévisageait.
- Et bien nous pourrons étudier cela quand nous serons tous rentrés sain et sauf sur Terre, expliqua Mckay.
Il ne voulait pas rentrer. Il ne rentrerait pas. Quitter la cité lui semblait impossible. Alors il se leva, froid et déterminé. Il appartenait à Atlantis et Atlantis lui appartenait. Il en allait ainsi. Depuis quand pensait-il ainsi ? Il n'en avait aucune idée.
- Je vous permettrait de repartir, mais moi je resterai ici. Vous ne m'arracherez pas à ma cité.
Un long silence suivit sa déclaration. Il était en colère, il se contrôlait difficilement, ses tempes battaient au son d'une mélodie inconnue.
- Vos yeux Sheppard... murmura Mckay.
Il ne put l'interroger sur cette remarque car Bates appela ses hommes et cette déclaration lui valut d'être confiné dans ses quartiers jusqu'à nouvel ordre. Il était désormais leur prisonnier. Alors que la colère le submergeait toujours, il s'assit en tailleur. Il devait discuter avec Atlantis.
